Pour beaucoup de Philippins, Siquijor est une île où règnent les mauvais esprits et les sorcières. Il ne vaut mieux pas y mettre les pieds. Pour ceux qui voyagent aux Philippines, c’est une île encore préservée du tourisme de masse, où il fait bon lézarder sur la plage et se balader en scooter. Nous n’avons pas rencontrer de sorcières, nous n’avons pas non plus lézardé sur la plage, mais on a pris le temps de découvrir cette île au charme fou, sur terre, et sous l’eau. Et on en est un peu tombés amoureux.
Siquijor se trouve au sud ouest de l’île de Bohol, tout près de Dumaguete. C’est une petite île assez montagneuse, mais qui possède de magnifiques plages de sable blanc. Alors certes aucune n’est idéale pour se baigner, la pente du fond étant vraiment trop douce, mais le paysage est splendide et on prend plaisir à profiter de cette ambiance si paisible. Presque seuls au monde.
Siquijor, c’est aussi un petit joyau pour la plongée, encore très méconnu. C’est pour nous la destination idéale pour combiner quelques jours de plongée avec la découverte de l’île.
Sommaire
Comment se rendre à Siquijor ?
Depuis Manille en passant par Dumaguete
Il est possible de prendre un vol domestique d’1 heure 30 de Manille à Dumaguete (attention à la franchise bagages souvent pas bien élevée sur les vols internes), puis un ferry de Dumaguete à Siquijor. Il y a plusieurs traversées par jour et ça ne prend que 45 minutes. Comptez environ 250 PHP en Tourist class avec OceanJet.
Depuis Tagbilaran (Bohol)
La compagnie de ferry OceanJet propose une traversée quotidienne entre Tagbilaran et Larena (Siquijor).
Depuis Cebu
En ferry
Il n’existe à ce jour aucune liaison directe de ferry entre Cebu et Siquijor. Il faut passer par Tagbilaran (Bohol) et parfois acheter 2 tickets: 1 ticket pour Cebu-Tagbilaran et 1 ticket pour Tagbilaran-Larena (Siquijor).
Nous n’avons pas fait le voyage Cebu-Siquijor d’une traite puisque nous avons passé une semaine à Bohol, mais nous avons respectivement payé 500 PHP et 700 PHP par billet pour chacun de ces voyages, avec OceanJet en Tourist class. Sans oublier les taxes pour nos sacs et les taxes portuaires.
Toutes nos dépenses et notre budget sont détaillés dans notre article consacré à notre budget et à notre itinéraire.
En avion
Il y a des liaisons quotidiennes entre Cebu et Dumaguete. Le vol dure 50 minutes environ. Il faudra ensuite prendre le ferry jusqu’à Siquijor.
Au port de Larena, les conducteurs de tricycles attendent les passagers à la sortie du ferry. Une liste des prix en fonction des destinations sur l’île est affichée, mais tous les conducteurs de tricycles y ajoutent minimum 200 PHP. Et comme ils se mettent tous d’accord sur les prix… On a « réussi » à obtenir une course jusqu’à San Juan pour 400 PHP.
Changer ou retirer de l’argent à Siquijor
Il existe plusieurs Palawan Pawnshop sur l’île, où il est possible de changer de l’argent. Comme on l’indique dans notre Petit guide pratique sur les Visayas, les billets tâchés ou déchirés ne sont pas acceptés. Nous sommes allés au Palawan Pawnshop de Poblacion, en face du Capilay Spring Park. Il y en a visiblement un à Larena (Roxas Street) et un autre à Lazi.
Nous n’avons pas eu à retirer d’argent, mais nous avons vu un ATM juste à côté du Palawan Pawnshop de Poblacion, et d’autres à Larena, dans les succursales de banques.
Les plongées autour de Siquijor
Au départ, nous pensions pouvoir aller plonger à Apo Island depuis Siquijor. Et puis malheureusement, très peu de centres de plongée proposent ce genre de sortie, et finalement, nous avons plongé exclusivement du côté ouest de l’île, là où se concentrent la plupart des sites de plongée de Siquijor.
Nous avons plongé avec Siquijor Divers, choisi après avoir contacté plusieurs centres par e-mail. Le centre est très bien entretenu, bien organisé. Il n’y a pas foule, nous sommes 4 à plonger. Ca sera comme ça les 3 jours. Notre guide, Jayboy, est franchement au top. Il a rapidement compris ce qu’on aimait comme type de plongée et a adapté son choix des sites en conséquence. Comme nous n’étions que des plongeurs confirmés, il faisait durer les plongées, pour notre plus grand bonheur.
On avait complètement sous-estimé Siquijor pour la plongée. Et on a compris que c’est simplement un secret bien gardé, et qui on l’espère, restera bien gardé encore longtemps. Car les fonds sont magnifiques. La vie sous l’eau n’est pas foisonnante, mais les coraux durs sont majoritairement en très bonne santé, il y en a partout. Et quand on ne plonge pas au-dessus de ces coraux ou au bord de tombants, on se régale avec de la plongée macro.
Beaucoup de sites de plongée sont situés dans des réserves marines. C’est le cas par exemple de Paliton Sanctuary, un véritable aquarium tropical, et de Tubod Sanctuary, un paradis de la macro. Tortue, serpent tricot rayé, nudibranches de toutes les tailles et de toutes les couleurs, frog fishes (poisson crapaud) de la taille d’un ongle ou d’un ballon de foot… On a vraiment vu de tout, pendant ces plongées à Siquijor.
Les conditions de plongée ont toujours été bonnes, nous n’avons jamais eu de courant, et la visibilité était excellente. Les plongées ne sont pas profondes, entre 20 et 25 mètres. La température de l’eau oscille entre 27° et 29°.
Siquijor convient à tous les niveaux de plongeurs. Les conditions sont assez calmes pour les débutants, et les plongeurs avec plus d’expérience auront du mal à s’ennuyer avec une telle variété de plongées. Mais pour ceux qui veulent apprendre à plonger quelque part aux Visayas, on trouve Bohol mieux adapté. A Siquijor, la plupart des sites sont littéralement recouverts de coraux. Les débutants seront quand même plus sereins en apprenant à gérer leur flottabilité au-dessus d’un fond sablonneux qu’au-dessus des récifs coralliens.
Caisson hyperbare le plus proche
Le caisson hyperbare le plus proche est à Cebu. Il est toujours plus prudent de partir correctement assuré. Depuis des années nous sommes assurés chez DAN en tant que plongeurs loisirs, puis en tant que plongeurs professionnels. C’est pour nous l’organisation médicale la plus à même d’assurer les plongeurs. Elle est 100% spécialisée dans la plongée, elle est représentée dans le monde entier et les médecins sont spécialisés dans les urgences liées à notre activité.
Notre hôtel : The Luxury Bruce Cottage
Pendant notre mois entier aux Philippines, tout s’est bien passé. Nous n’avons eu que des bons souvenirs. Sauf au Bruce. Ce qui suit est notre avis, n’engage que nous et nous avons fait part de nos remarques directement à l’établissement.
En nous y prenant 15 jours à l’avance pour réserver, la plupart des établissements à San Juan et dans les environs étaient déjà réservés. Les autres hôtels disponibles étaient soit hors budget, soit un peu trop « roots » pour nous. Sauf The Luxury Bruce Cottage. 1900 PHP la nuit, à San Juan, avec des avis 100% élogieux sur internet et un centre de plongée juste à côté. On a vite réservé.
A notre arrivée, on nous annonce que notre chambre a été donnée à quelqu’un d’autre pour 2 nuits. On nous met dans la James House en nous annonçant fièrement qu’il y a 3 lits (nous sommes 2, Marco et moi) et qu’ils nous la font au même prix que notre chambre. So nice ! La maison est à la limite d’être vétuste. Les murs sont fissurés, le lavabo est fissuré, la chasse d’eau est défectueuse, aucun mobilier d’extérieur sur la terrasse, maison ultra sombre… Nous nous sommes plaints. Ils nous proposent un cottage pour 2 nuits mais il faut payer la différence. On accepte…
Le cottage est vraiment vieillissant, des fils électriques qui pendent dans la salle de bain. Pas de vrais oreillers. Le mien était un coussin d’enfant Winnie L’ourson. Un bidon d’eau potable est à disposition dans la chambre. On a tourné le robinet et une mousse verdâtre est tombée dans notre verre. Beurk.
On re-démenage une 2ème fois au bout de 2 nuits pour aller dans le Flat Down, la chambre que nous avions initialement réservée.
De l’eau coule par une ampoule, l’abat jour de l’autre ampoule est rempli de toiles d’araignées. La salle de bain n’est pas du tout fonctionnelle, rien pour accrocher un linge, ni le papier toilette… La cuvette des toilettes est jaune, des cheveux des derniers occupants dans la grille de la douche. A l’extérieur, les chaises sont rouillées, et le banc en bambou cassé.
Par la force des choses on s’est aperçu qu’il n’y a pas de service de nettoyage de chambre, alors qu’on nous avait dit que la chambre était nettoyée tous les 2 jours. On a fini par aller chercher notre papier toilette à la réception.
Le WiFi est inexistant depuis la chambre. On ne capte même pas le réseau. Il faut s’asseoir à la réception pour espérer utiliser internet.
Bref passez votre chemin. On a été d’autant plus surpris que les propriétaires (écossais) vivent au Bruce. Comment ne pas se rendre compte de l’état de cet hôtel… De nouvelles chambres sont en train d’être construites alors que les existantes ne sont pas du tout entretenues…
Mais on a quand même trouvé 2 points positifs: l’hôtel est situé au bord d’une magnifique plage et l’eau de la douche a de la pression, petit détail qui a son importance quand ça fait 2 semaines que tu te douches sous un filet d’eau 🙂
Nous avons fait part de notre mécontentement à la réception de l’hôtel, mais tout ce qu’on a eu comme réponse c’est qu’ils s’efforcent à proposer le meilleur à leurs clients…
Le centre de plongée associé au Luxury Bruce Cottage, Sea Pearl Divers, est en fait à 2 kilomètres. Ca ne sert donc à rien de vouloir suivre la pancarte indiquant « THIS WAY » posée sur la plage du Bruce. A moins que vous ayez envie de vous balader 🙂
Un matin nous sommes allés prendre le petit-déjeuner sur la terrasse de l’hôtel voisin, le White Villas Resort. Les chambres sont plus chères, mais les prestations sont également d’une autre qualité. Par rapport à ce que nous avons pu voir sur l’île, notre budget de 30€ par nuit était trop bas pour espérer un hôtel un tant soi peu confortable.
Nous avons loué un scooter pour toute la durée de notre séjour sur l’île pour 400 PHP par jour, en nous adressant directement à la réception de l’hôtel. Un plein coûte environ 100 PHP. Le permis international n’est pas demandé, le permis national et une pièce d’identité suffisent (lien petit guide pratique).
Où manger à Siquijor ?
Le choix ne manque vraiment pas, on trouve plein de petits restaurants le long de la route principale de l’île. On ne peut que vous conseiller le Dagsa, en face du Coral Cay Resort and Dive Shop, au nord de San Juan. Ca a été notre cantine quasi toute la semaine. On y mange super bien, et les plats sont copieux par rapport au prix. Nous avons eu aussi l’occasion de manger au Baha Bar un midi. C’est délicieux mais assez cher. Contraitement au Dagsa où nous avons croisé beaucoup de Philippins, le Baha Bar semble plutôt être un lieu de rendez-vous pour les voyageurs de passage.
Que faire et que voir à Siquijor ?
Bon ça c’est la question qu’on tape tous sur Google quand on prépare son voyage. Beaucoup font le tour de l’île pour une journée à la découverte des plages, qui ont l’air vraiment toutes magnifiques. Nous n’avions prévu qu’une journée entière pour découvrir l’île, et ce jour là, il a pratiquement plu toute la journée. Pour la journée plage, il faudra repasser…
Mais tous les jours, après nos plongées, nous partions avec notre scooter nous promener dans les environs. Les routes sont en assez bon état et ça roule plutôt bien. Mieux qu’à Bohol en tout cas, il y a beaucoup moins de circulation.
Le Century Old Balete Tree, un fish spa 100% gratuit
Au sud de l’île, au détour d’un virage sur la route principale qui fait le tour de Siquijor, il y a un arbre. Un banian qui aurait entre 400 et 500 ans. Au pied de cet arbre, l’eau d’un ruisseau est contenue dans un bassin. Et dans ce bassin, des centaines de petits poissons qui adooorent manger les peaux mortes des pieds des gens. L’eau est fraîche, il y a un peu de monde, mais l’ambiance est bon enfant. C’est qu’au départ, les poissons qui se collent aux pieds ça chatouille, mais ensuite ça fait peur, quand on voit des poissons 5 fois plus grands qui rôdent. A la fin on était presque déçus d’avoir aussi peu de poissons autour de nous, et presque jaloux de voir certains pieds avec des nuages de poissons autour.
C’est une halte bien rafraichissante et bienvenue pendant une virée sur l’île.
10 PHP symbolique par personne sont demandés pour avoir accès au bassin.
Lagaan Falls
Il y a beaucoup de cascades à Siquijor, et c’est assez populaire que d’aller y piquer une petite tête. Nous avons choisi, un peu au hasard, les Lagaan Falls. C’était les plus proches de San Juan d’après notre vision de Google Maps. Pour y arriver, il faut prendre le chemin, assez scabreux, en direction des Cambugahay Falls. Avant d’arriver aux Cambugahay Falls, on arrive sur un petit parking. C’est ici.
On paie un droit d’entrée de 50 PHP par personne, et de 10 PHP pour parquer le scooter. Puis on est accompagnés jusqu’aux cascades par plusieurs « guides ». Ce sont des jeunes Philippins qui sont là pour vous encourager à vous baigner et à vous balancer à l’eau depuis une corde. On était un peu méfiants au début, pas vraiment rassurés de laisser nos sacs sans surveillance pendant qu’on était dans l’eau. Et puis en fait ces jeunes étaient simplement sympathiques, ils devaient juste en rajouter un peu pour espérer un petit pourboire à la fin, qu’ils ont eu 😉
Sangdoong Beach
Alors là, c’est LA déception de notre semaine à Siquijor (enfin, après le Bruce :)). Sangdoong Beach fait partie des « attractions » qu’il est conseillé de voir sur l’île. On avait vu 1 ou 2 vidéos sur Youtube où on voyait tout le monde sauter depuis des sortes de plongeoir en béton dans une eau turquoise. Ca paraissait paradisiaque. Même avec un temps super menaçant, et finalement pas mal d’averses, on a voulu aller voir ce spot qui paraissait somptueux. En arrivant sur place, on a été surpris de voir des gardes à l’entrée nous faire payer 40 PHP chacun, mais bon, pourquoi pas… Puis en continuant de descendre en direction de la plage, on s’est rendus compte que cet endroit est en fait un resort dont la construction n’a visiblement jamais été terminée. A moins qu’il ait été abandonné. Toujours est-il que c’est une sorte de complexe tout bétonné et aménagé pour y faire des barbecues. Chaque groupe de jeunes écoute sa propre musique à fond, les licornes gonflables attendent patiemment d’aller faire un tour, et nous, on a été tout tristes d’avoir fait le tour de l’île pour ça…
Et si c’était à refaire ?
Siquijor mérite vraiment qu’on s’y arrête, au moins quelques jours. On sent que l’île se développe, mais elle reste pour le moment bien à l’abri du « tourisme de masse » qu’on a pu voir à Alona. L’île est vraiment sympa à visiter, les plongées sont magnifiques, et l’ambiance est vraiment cool.
Si c’était à refaire, nous serions restés une semaine complète.
Notre budget
- Un repas nous a coûté en moyenne (boissons comprises, pour 2): 900 PHP
- Une nuit d’hôtel nous a coûté en moyenne : 2000 PHP
- Une plongée nous a coûté en moyenne : 1250 PHP
- La location d’un scooter nous a coûté (pour 24 heures): 400 PHP
Notre avis
Siquijor pour la plongée : ★★★★★
Siquijor pour les activités terrestres : ★★★★✩